Difficultés d’accès au logement pour les personnes handicapées
L’accessibilité des logements pour les personnes en situation de handicap demeure un enjeu crucial, mais il se heurte à des obstacles économiques. Selon la Fédération Française du Bâtiment (FFB), le coût supplémentaire pour rendre un logement accessible varie de 2 à 5 %.
Alexandre, un tétraplégique en quête d’appartement depuis trois ans, a rencontré de nombreux obstacles dans ses échanges avec des promoteurs. Ne parvenant pas à trouver un logement qui corresponde à ses besoins, il a décidé d’acheter un terrain pour y construire un habitat adapté.
La loi du 11 février 2005, qui visait à garantir l’égalité des droits pour les personnes handicapées, stipulait que toutes les nouvelles constructions devaient être accessibles. Cependant, la loi Elan de 2018 a réduit cet objectif à seulement 20 %. Les 80 % restants doivent être dits "évolutifs", pouvant être adaptés par des modifications simples. Jean-Charles du Bellay, expert en accessibilité de la FFB, souligne qu’aucune obligation ne s’applique aux logements anciens.
Un processus de changement insatisfaisant
Nicolas Mérille, de l’association APF France Handicaps, met en lumière le fait que seulement 1 % des logements actuels sont neufs, rendant l’ajout de logements adaptés dérisoire. L’objectif de cette législation, en place depuis deux décennies, est de permettre aux personnes handicapées ou âgées de vivre de manière autonome, un mode de vie jugé moins coûteux pour la société comparé à l’hébergement en établissements spécialisés.
Selon un rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés, plus de 220 000 foyers avec des personnes handicapées vivent dans des logements difficilement accessibles. Ces familles font face à des discriminations sur le marché locatif, où de nombreux propriétaires rechignent à adapter leurs biens, craignant des coûts supplémentaires.
Alexandre explique que dans l’ancien bâti, l’accessibilité est quasi inexistante : portes étroites et ascenseurs inadaptés sont quelques-unes des contraintes qui rendent la recherche de logement particulièrement complexe.
Des promoteurs en retrait
Pour qu’un logement soit reconnu comme accessible, il doit respecter divers critères techniques : couloirs larges, chambres spacieuses, toilettes et salle de bains adaptées. Cependant, les promoteurs pointent le surcoût financier et des préoccupations techniques, notamment depuis l’imposition de douches "à l’italienne" en 2021 pour faciliter l’accès.
Didier Bellier-Ganière, de la Fédération des promoteurs immobiliers, évoque que les logements adaptés ne sont souvent pas achetés par les personnes handicapées, représentant seulement 1,5 % de la population. De plus, des modifications aux frais des propriétaires sont parfois nécessaires pour répondre à des besoins spécifiques, comme l’installation de baignoires au lieu de douches.
Pour les associations, la situation est loin d’être satisfaisante. Le Collectif Handicaps, qui regroupe de nombreuses associations, réclame un retour à un objectif de 100 % de logements accessibles. Toutefois, même pour ces logements, d’autres difficultés subsistent, comme des portes anti-feu difficiles à manœuvrer ou des ascenseurs souvent en panne. Récemment, la Fondation pour le logement des défavorisés a rapporté qu’1,7 million de personnes ont subi une panne d’ascenseur de plus de 24 heures.
La question de l’accessibilité au logement pour les personnes handicapées mérite donc une attention renouvelée, tant pour les aspects techniques que pour les discriminations peu évoquées sur le marché immobilier.
Source : www.bfmtv.com