La France atteint un record de SDF et « sombrent dans la crise du logement », avertit la Fondation Abbé-Pierre.

La crise du logement en France : l’alerte de la Fondation Abbé-Pierre

La France fait face à une crise du logement alarmante, selon le 30e rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre, publié le 3 février. L’association, qui se renomme prochainement en "Fondation pour le logement des défavorisés" suite à des accusations pesant sur son fondateur, l’abbé Pierre, souligne que "tous les signaux sont au rouge" alors que l’urgence de la situation ne cesse d’augmenter.

Le rapport dévoile des données inquiétantes, notamment une estimation record de 350 000 personnes sans domicile, en hausse par rapport aux 330 000 des années précédentes. Il signale également un nombre record de décès dans la rue et près de 19 000 expulsions locatives accompagnées par les forces de l’ordre, sans compter plus de 100 000 expulsions supplémentaires affectant les occupants de squats, bidonvilles et campements. Au total, quatre millions de personnes seraient mal-logées, tandis que 12 millions d’autres sont décrites comme étant "fragilisées par la crise du logement".

Un point inédit de ce rapport met en lumière les difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap, souvent exclues des politiques de logement en raison de la pénurie d’offres accessibles. Marie-Hélène Le Nédic, présidente de la Fondation, souligne que ce public fait face à des "discriminations généralisées" sur le marché locatif, particulièrement visible à l’approche du 20e anniversaire de la loi handicap de 2005.

Un secteur délaissé par les politiques publiques

La Fondation déplore également le manque de réactivité des responsables politiques face à une pauvreté croissante et à des inégalités qui se creusent. Elle note que le parc locatif social est à l’agonie, avec 2,7 millions de ménages en attente d’un logement et moins de 400 000 attributions en 2023. Cette situation est aggravée par un prélèvement de 1,3 milliard d’euros par an sur les ressources des bailleurs sociaux, entravant leur capacité à construire et réhabiliter des logements.

L’association appelle le gouvernement à rompre avec l’attentisme ambiant, accentué par la dissolution de l’Assemblée nationale. Elle dénonce la baisse de l’effort public pour le logement, qui a chuté de 2,2 % du PIB en 2010 à 1,5 % en 2023.

Face à ce constat, la Fondation exhorte les autorités à adopter une politique de logement plus équilibrée, qui ne se focalise pas uniquement sur la relance économique, mais qui prenne également en compte les dimensions sociales et environnementales. Des mesures sont proposées pour soutenir les ménages à revenu modeste, mieux encadrer le marché locatif et diminuer l’artificialisation des sols, prouvant ainsi qu’"une autre politique du logement est possible".

Source : www.francetvinfo.fr