Fin des logements classés G : La présidente de PAP juge la loi irréaliste et non applicable

À partir de ce mercredi, les logements classés G en matière de performance énergétique ne pourront plus être loués pour les nouveaux contrats. Cette décision suscite des préoccupations, notamment de la part de Corinne Jolly, présidente du site de petites annonces PAP (Particulier à Particulier), qui la qualifie d’« absurde ». Dans une interview accordée à franceinfo, elle a exprimé son scepticisme quant à l’application immédiate de cette mesure, affirmant qu’elle n’est pas « réaliste » et qu’il n’y aura pas de véritable « big bang » avec l’entrée en vigueur de la loi.

Le calendrier établi par la loi résilience de 2021 prévoit que les logements classés G seront considérés comme indécents à compter de 2025, suivis des logements de classe F en 2028 et ceux de classe E en 2034. Néanmoins, il est important de noter que la loi ne prévoit pas de sanctions automatiques pour les propriétaires qui continueraient à louer ces biens. C’est alors au locataire de faire appel à la justice en cas de besoin. Corinne Jolly souligne que les locataires, souvent préoccupés par la recherche d’un logement, ne sont pas forcément en position d’attaquer leurs propriétaires. Elle avertit également sur l’impact de cette mesure : « Nous ne pouvons pas nous permettre de retirer ces 600 000 logements du marché locatif. »

Concernant les propriétaires, Corinne Jolly fait état d’un sentiment d’« attentisme » en raison de l’« instabilité des lois et des sanctions ». La ministre du Logement, Valérie Létard, avait également montré son soutien pour adapter ces réglementations en octobre dernier. Jolly regrette d’ailleurs que le calendrier soit perçu comme irréaliste depuis plusieurs années. Les propriétaires se heurtent à divers défis : difficultés de financement, complications liées aux travaux en copropriété — où un vote est nécessaire — ainsi que des obstacles techniques, notamment en ce qui concerne l’isolation.

Face à ce contexte, certains propriétaires, découragés par le « labyrinthe des aides à la rénovation », pourraient opter pour la vente de leur bien. La présidente de PAP observe qu’il existe actuellement une demande pour les logements dits « passoires thermiques », car ceux-ci sont souvent proposés à des prix inférieurs. Selon les notaires de France, ces biens classés G ou F représentaient 13 % des ventes au dernier trimestre 2024.

Source : www.francetvinfo.fr