En 2024, la crise de la construction s’est intensifiée et le marché immobilier est resté enlisée dans une stagnation préoccupante. Pourtant, du point de vue des politiques publiques, cette année a été marquée par une stagnation et un manque d’initiatives, selon Christophe Robert, Directeur Général de la Fondation pour le logement des défavorisés.
Dans son rapport annuel, la Fondation souligne que malgré des signaux alarmants en matière de mal-logement, l’année 2024 a été presque « une année blanche » en termes d’actions gouvernementales. Elle dénonce l’attentisme et le renoncement des autorités en réponse à la crise.
Ce rapport de 342 pages porte un regard critique sur les conditions de logement, avec un chapitre spécialement dédié aux personnes en situation de handicap. Il s’agit du 30e rapport publié par l’ex-Fondation Abbé Pierre, qui a récemment changé de nom à la suite d’accusations sévères ayant visé son ancien fondateur.
Avec une absence de ministre du Logement capable de prendre des décisions significatives pendant sept mois, le rapport décrit une année presque stérile. Les deux principales mesures adoptées, telles que l’extension du prêt à taux zéro et l’exonération des droits de succession pour les donations liées à l’acquisition d’une résidence principale, sont jugées « contestables » en raison de leur caractère inégalitaire et peu respectueux de l’environnement.
Le rapport présente des chiffres alarmants, notamment 735 décès dans la rue (un chiffre record en douze ans) et 350 000 personnes sans domicile en 2024, soit une augmentation de 6% par rapport à l’année précédente et de 145% depuis 2012. Environ 4,2 millions de personnes sont considérées comme mal-logées, et chaque soir, entre 5 000 et 8 000 personnes, dont des enfants, se voient refuser un hébergement d’urgence.
En 2024, plus de 100 000 personnes vivant dans des habitations informelles ont été expulsées, ce qui témoigne d’une politique répressive jugée inefficace sans une prise en charge des causes profondes du mal-logement.
Christophe Robert déplore que les préoccupations économiques pour relancer le secteur immobilier prévalent sur l’impératif social, alors que la crise du logement est de plus en plus pressante. Les demandes de logements sociaux continuent d’augmenter, atteignant près de 2,8 millions de ménages, alors que le nombre de logements sociaux disponibles diminue. Ce tableau se dessine dans un contexte de paupérisation croissante et d’inégalités de plus en plus marquées.
Concernant la précarité énergétique, la Fondation appelle à une réorientation des budgets de rénovation. Elle insiste sur la nécessité d’accroître les capacités d’action des organismes d’HLM pour relancer la construction et plaide pour des mesures de régulation généralisée, y compris l’encadrement des loyers.
Un chapitre du rapport souligne les difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap pour accéder à un logement. Bien qu’elles soient souvent plus précaires, elles font face à de nombreuses discriminations. Le report de demandes de logement social pour ces personnes est particulièrement flagrant, renforçant leur difficulté à sortir des établissements de soin.
En somme, le rapport met en avant l’urgence d’agir face à une crise du logement qui ne cesse de s’aggraver et appelle à une réévaluation des priorités politiques en matière de logement.
Source : www.bfmtv.com